Le 5 janvier 2022, Aéroport d’Orly, il ne fait pas bon rôder au niveau de la porte TEST COVID

la file des inscrits d’un côté, et de l’autre, la plus grande, des non-inscrits s’affrontent

À qui aura le dernier mot, la dernière excuse…. Je vais à l’enterrement de…, ma mère est bloquée sans avoir le code de son téléphone, mon avion décolle dans deux heures….

La foule s’échauffe

La pagaille est de rigueur !

Notre nom est sur la liste des inscrits, nos passons nos tests avec une heure de retard, nous payons les 20 euros pour le supplément : résultat express dans 2 heures…

Notre avion part le lendemain, le 6 janvier, nous attendons ce vol depuis si longtemps, depuis 30 mois, cela vaut bien 20 euros, non?

Test négatif!!! merveilleux, la porte s’entrouvre un peu plus…

Stoïques, déterminés… Il reste encore tant d’obstacles administratifs pour embarquer

On tourne en rond autour d’un site Internet du département Santé du gouvernement de l’Uruguay pour avoir le sésame d’entrée sanitaire

Tournez manège!

Retour à la case départ, il manque une information … ??? On ne comprend rien ou si peu, cerises sur le gâteau, notre espagnol est une langue non maîtrisée

On refait un nouveau dossier d’inscription, puis un autre, les heures passent, la nuit arrive trop vite

Nuit, les cauchemars s’invitent!

Devant un café chaud sans odeur, hier il était si parfumé…

On dérange notre règle de vie : pas d’ordi ni de phone sur la table quand on se retrouve enlacé par le bonheur d’être ensemble yeux dans les yeux. Je hais l’intrusion irréelle et stupide d’une machine qui veut vous prouver que vous êtes important, irremplaçable !

Les formulaires se succèdent et la machine les vomit avec plaisir, sans compréhension.

Est-ce un labyrinthe créé par un minotaure informaticien, frustré de pouvoir ?

No se

15h00, le taxi arrive à 15h30 pour Orly

Je tente une dernière attaque, le logiciel craque : encore lui, ce SCHALLER et son camion bloqué, encore elle qui est toujours avec son mari ?!!! La réponse positive illumine l’écran : nous sommes acceptés… Notre entrée en Uruguay est validée oui validée, pourquoi ?

NO SE !

Un « print » tout chaud la main… on roule vers Orly, notre chauffeur de taxi sourit et ne comprend pas vraiment… Je pense qu’un chauffeur doit vivre tellement de rencontres déboussolantes…

Nous, on tient le cap!

Nos démarches administratives s’empilent, notre camion attend depuis 30 mois, notre vie d’aventures aussi, cela vaut bien un fromage sans doute ! écrirait La Fontaine

Les premiers devant le comptoir d’embarquement, on attend

Une hôtesse souriante

Est-ce possible ?

OUI

Billets, passeports

On les présente

Certificats des 3 vaccination Covid, tests PCR

On les présente

Formulaires accès santé pour l’Espagne, l’Uruguay

On les présente

Veuillez déposer vos bagages sur le tapis

3 sacs bleus de 23kg s’en vont sans crier gare

On sourit encore plus que l’hôtesse

Transfert à Madrid RAS

Montevideo RAS

L’accueil est sympathique et chaleureux

Les machines analysent nos documents, photographient nos trombines, on ne doit pas sourire, ce n’est pas facile !

Le taxi est là

80km de route effleurée

et nous voici arrivés à Paraiso Suizo, et devant notre camion, comme un funambule sur un fil, dans un imbroglio de problèmes mécaniques et autres… nous devons sortir du pays avant le 31 janvier

Paul Klee

Devant Cavale, toute rouille sortie ! Notre camion sort de l’irréel

Combien d’heures, de jours de scrutation de toutes infos pour savoir si les frontières de l’Uruguay vont s’ouvrir ?

Combien de vols annulés, combien de démarches administratives pour rallonger la durée légale douanière de présence de notre véhicule en Uruguay ?

En Uruguay, nous avons été aidés, secondés, par Rachida

Merci Rachida… Sans toi ?

Je sais, comme beaucoup, que la Covid s’est installée dans nos vies.

Celles, ceux qui ne s’adaptent pas vont disparaître, écrivait Darwin

Bonne nouvelle, les stupides vont disparaître !!!!

OUI, le voyage est une belle école de la vie : chaque jour on doit s’adapter à des situations nouvelles, où trouver l’eau, une amitié, un lieu pour dormir, à des règles de vie nouvelles, des sensations, émotions nouvelles

Qui veut voyager loin ménage sa monture dit le proverbe… Dans le voyage la santé est prioritaire, on se vaccine, heureux de pouvoir se protéger, et quand il n’y a pas de vaccin, comme par exemple pour le paludisme… protège-toi au mieux comme le font les locaux.

Les anti-vax, je pense qu’ils ne sont que des enfants gâtés irresponsables, bien loin du voyageur, de l’aventurier. L’aventure commence quand on a tout anticipé, reste alors le nectar, l’exceptionnel, l’aventure, la vie avec ses grands bonheurs et ses immenses peines.

J’aime le voyage

J’aime réfléchir et comprendre devant l’inconnu avant d’agir

J’aime vivre

Le bonheur se mérite, il demande effort et courage

Le malheur s’absorbe avec détermination et compréhension

Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends disait Mandela !

Le camion devient vite mon obsession, Claude comprend : il faut le sortir de l’Uruguay avant le 31 janvier 2022 sous peine de saisie douanière

Le camion semble abandonné, attendre la casse

Triste

Inventaire… Heureusement que j’ai les inventaires en mémoire d’ordi de tout le matériel, équipement, outillage… et même livres

Après 30 mois, comment se rappeler ? Je crois beaucoup en l’organisation, c’est une des clés de réussite de toutes aventures, c’est une de mes vraies forces !

Et,

Un champ de batteries HS au pied d’un monstre endormi, la tâche est rude !

4 batteries HS, on les trouve, on les change

Freins bloqués, on débloque

On graisse, on adoucit les sévices de l’air marin du Rio De La Plata

Les boulons ne veulent rien savoir, on rallonge les bras de levier des outils, merci Archimède

Cafards en folie, on éradique

Rouille, on gratte, on ponce, on rebouche, on peint…

Pose de plaques d’alu sur le toit, les larmiers… Claude en inspection…

Injection, alimentation, circuit pneumatique, vidanges, sans oublier les check-up etc…

Clé à oeil ! du maître ?

Enfin,

Le premier ronronnement de plaisir : le groupe électrogène fait le beau

Le râle grave du 8 cylindres impose enfin sa force dans un épais nuage de fumées noires

Le monde s’ébroue

Claude, moi, tout sourire, nous sommes le 15 janvier

Le 17 : le départ est programmé

Le 16 au soir, nouvel essai du camion, le moteur part au quart de tour, merveilleux !

Mais les freins restent bloqués, le système pneumatique de toute l’assistance est bloqué, plus de pression. Moins merveilleux !

Je ne suis jamais intervenu sur ce réseau, j’imagine le fonctionnement du système avec l’aide des docs collectés sur informatique, merci Internet

Je ne vais surtout pas sur les tutos, pour beaucoup, ce ne sont que des apparitions prétentieuses de ceux qui veulent se faire voir sans savoir

Je hais cette culture du moi « je sais tout ». Quand je pense que l’internet devait être le grand moyen d’accéder à la CULTURE et qu’il est récupéré par un univers de fake news, de conseilleurs bidons, de journalistes et reporters d’opérette… (je n’ai rien contre les opérettes !)

J’ai, par le passé, essayé d’appliquer les dires d’un tuto, de lire des blogs d’aventuriers, des écrits de reportages des « moi je », des vidéos style : on me voit sur toutes les séquences … sans compassion et avec raison, j’ai fui !

Que faire : le camion, avec ses 18 tonnes, est bloqué, planté dans un champ, loin de tout

Contacts téléphoniques auprès du concessionnaire MERCEDES de Montevideo,

OK mañana (demain) je vous envoie un camion atelier d’assistance …

Rien ?

Mañana

Rien !

Les jours passent

Je prends mon courage à deux mains

Lentement je démonte, une valve, un tube, je réfléchis le jour, en rêve la nuit.

la panne imprègne mon cerveau, JE SUIS devenu « la panne »

ET

les vannes et clapets changés, les filtres, le réseau nettoyés, graissés, bichonnés, reprennent du service

Le répartiteur d’air !!! l’élément perturbateur et la pochette de joints sauveur!

Le 21 janvier notre vrai départ

Non stop vers la frontière la plus proche, celle avec le Brésil à Chui

Incroyable, jamais je n’avais émis l’hypothèse de retourner au Brésil

Qui ne s’adapte pas …

Juste le temps de faire une demande d’assistance auprès de notre assureur (Merci la MAIF)

La frontière montre son nez

Sortie d’Uruguay, quelques minutes, les tampons s’écrasent sur nos documents

C’est fini ?

Oui, partez !

C’est tout ?

Oui, bon voyage

…Adieu 30 mois d’attente !

Brésil bonjour,

Les bureaux de police et douanes sont vides de touristes

Il y a quelques années, ici, c’était la foire d’empoigne

Le policier nous demande où nous allons ?

Au Brésil,

Bon ! tampon

Le douanier est absent

On attend une heure

Il arrive tout sourire

Français?

Oui!

La Bastille

Pardon?

Il nous présente son Smartphone, sur le traducteur il vient de dire son texte en portugais et instantanément la traduction française s’affiche : « Ma soeur a rencontré au Brésil, un français au cours d’un match de foot de Coupe du Monde et s’est marié avec lui, ils habitent à Paris, place de la Bastille »

Vive la révolution ! nous lance-t-il

J’approuve

Vous allez où ?

Au Brésil, peut-être jusqu’en Amazonie

Ha bon,

Vous avez des enfants ?

Oui, 2 garçons

Ils ne vous ont jamais dit ce qu’ils pensaient de vous ?

Si ! Ils pensent que nous sommes un peu fous

Je n’osais pas vous le dire…

Le policier revient vers nous tout sourire

Faites voir vos passeports

Les voilà

Un coup d’oeil,

Le tampon est faux, vous avez celui de la sortie du Brésil, on va corriger

On ne comprend pas l’erreur ???

Il faut parfois savoir se taire

Echanges de sourires, de « vive la révolution », de loco (un peu fou)

On prend la route

30km plus loin, on s’arrête, en bord de mer, dans un petit camping rural, Pachuca, village d’Hermenegildo. Georges Volnei, le propriétaire, est très serviable et fait régner une ambiance sympathique, familiale.

e-mail : volneihermena@gmail.com et tel mobile, WattsApp : +55(53)99949-4102

Heureux, reposés, enfin une vraie nuit, ici le vent est fort, puissant, tourmenté. 450 éoliennes jouent dans la tourmente pour le confort électrique des brésiliens.

La plage s’étire sur 200km et plus, elle est battue par les vagues et les dunes de sable sont mangées, rongées par les tempêtes.

Un varan passe, un serpent lové (inoffensif ?) nous tire sa langue en guise de révérence, des os de baleine blanchis par le temps décorent le camping.

Des chevaux libres passent tranquillement, paissent.

Oiseaux multicolores, un a un casque rouge mais chante mal, il a le képi, pas le clairon! un autre est bleu sombre et le chant puissant…

La chienne, que nous avons baptisée « Hyma » (car elle ressemble à une hyène), nous envoie un clin d’oeil sur les BD de notre jeunesse « soixante-huitarde », « Hyma la Hyène » de notre cher Gotlib… Nous rêvions d’aventures himalayennes !!!

La vie suit son cours…. le vent souffle, avec force et quand il vient du sud, des terres australes, il est glacial…

Nous continuons la remise en état de notre camion avant de continuer la route

Une panne au bord d’une route est une vraie galère

Un véhicule non entretenu n’affiche pas mes responsabilités, mon engagement, ma détermination

Tout doit être parfait (presque !)

Tout doit être mission (impossible !)

On peint, on nettoie, on vérifie tout et tout, on mécanique ferme

Les jours passent

Des jours de travail en plein air, le ciel est bleu, les cieux sont tourmentés, le vent hurle, le soleil brûle … bonheur

De temps en temps, un bain dans une eau chaude et tourmentée.

Les vagues tapent fort

On se méfie,

L’Océan n’est pas une piscine pour les débutants et …. les maîtres-nageurs dorment ou consultent leurs smarphones dans leurs guérites!

Crevés et heureux, les nuits sont merveilleuses, une journée bien ouvrée donne une nuit accomplie écrivait Leonardo Da Vinci.

Au fait, mes problèmes d’estomac s’estompent… comme ma vie confinée qui est resté à Paris, Marseille

Dans quelques jours

On the road again !

On va où ?

Là-bas, aussi loin que mes rêves me portent !

Georges

Du Brésil, le 4 février 2022

Photos de Claude et Georges

On oublie pas de lire encore et toujours… le voyage commence souvent dans des livres…

Livres du jour avec un zeste d’aventure que nous vous recommandons : Rouge Brésil de Jean Christophe Rufin et sur un autre continent, la Sibérie : L’étrangère aux yeux bleus de Youri Rytkhéou.